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SAMEDI 02 OCTOBRE 2021

SAMEDI 2 OCTOBRE 2021 - SHABBAT BERECHIT

Béréchit où la chance du débutant

Un cycle est à peine achevé qu’un autre lui succède. C’est ainsi que nous reprenons cette semaine la lecture du premier des cinq Livres de la Torah, la Genèse, puisque nous lirons « Au Commencement » « Béréchit » (Genèse 1 :1 – 6 :8).

Je veux voir dans ce « Commencement » une nouvelle chance dont on doit s’emparer. Après Yom Kippour et le pardon des fautes, après Souccot, « à l’ombre de la foi » - selon les termes du Zohar - après enfin la joie formidable de Sim’hat Torah, « Béréchit » nous propulse dans la réalité « normale » où il nous appartient réellement d’écrire une page nouvelle de notre vie.

Le récit de la Création peut être le corollaire du devoir de créer qui nous incombe désormais. Traversés par ces moments bouleversants du calendrier, ceux que nous avons vécus, une seule chose compte désormais : agir. « Par dix paroles le monde fût créé » (Maxime des Pères 5 :1) puisque « D_ieu dit et la chose fût », ce qui eut lieu a dix reprises. Mais si la parole de l’Eternel est, par son essence créatrice, celle de l’homme ne l’est qu’au niveau de l’engagement. Il lui appartient encore à lui donner une forme saisissable : c’est l’action.

Cependant, ramenés au train-train du quotidien, on peut passer à côté de ce début, on peut ignorer la chance qu’il recèle. Pour diverses raisons valables ou pas. Parce qu’on ne veut pas y croire. Parce que l’état semble figé. Parce que le rituel rassure et le changement bouleverse. Béréchit vient répondre à ces craintes. La lettre Bèt qui est l’ouverture de ce Commencement rappelle, par sa valeur numérique – deux - que lorsque l’on veut débuter, lorsque l’on accepte de s’extirper de sa zone de confort, on n’est pas seul : D_ieu est avec nous. D’ailleurs, c’est parce que D_ieu est en nous – l’âme, parcelle divine – que la « parole du D_ieu vivant » peut résonner en nous.

Alors plutôt que se « suffire » de relater le contenu de la Paracha, je propose cette semaine de réfléchir au seul premier mot « au Commencement. » A cette opportunité qui consiste à saisir le maillon d’ouverture d’une chaine qui entraine toute l’année après elle. A cesser de se conformer au quotidien policé, organisé, régenté de nos vies. Et de s’emparer de ce qui est là, en coulisse, qui voit sans être vu, de nos questions, de nos doutes, de nos peurs. Cet absent présent qui demande à être mis en lumière, non pour être hissé sur le podium mais juste pour exister.

Le monde, l’univers entier, est un décor de cinéma. L’illusion d’une existence tangible parce que matériellement saisissable. Béréchit le dit comme jamais parole ne fût dite après. Parce que D_ieu dit et que chose fût. Parce que l’homme fût projet, puis dit, puis créé. Cette réalité-là rend illusoire toutes les Tours de Babel, de Pise ou de Burj Khalifa. Cette connaissance submerge nos existences, les bouleverse peut-être. Parce que si la Terre, D_ieu « ne l’a pas créée pour être un chaos mais pour être peuplée » (Isaïe 45 :18), Il n’a pas voulu non plus que nous ne soyons que des bâtisseurs de matière. Naitre, vivre et mourir, serait-ce là le seul sens de nos existences ? Béréchit est plus grand que cela. En créant, l’Eternel a donné à l’Humanité une destinée, un objectif : celui de revenir à ce Commencement, celui où lui-même a accepté de bouleverser la solitude dans laquelle Il se complaisait pour Commencer quelque chose. Rien ne l’y obligeait. Il l’a voulu. Point.

Alors conjuguons à notre tour le verbe commencer au présent.

 

Chabbat Chalom

Binyamin Afriat

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