top of page

SAMEDI 05 FÉVRIER 2022

SAMEDI 05 FÉVRIER 2022 - Térouma - תרומה - Quand le comment permet le quoi

Térouma - תרומה

Quand le comment permet le quoi

Térouma (Exode 25 :1 – 27 :19), c’est la section dans laquelle sont donnés l’ordre de fabrication du Tabernacle – Mishkan(משכן) - et celui des objets qui le composent. Au lendemain du Yom Kippour ayant suivi le Don de la Torah et surtout après la faute du Veau d’Or, ordre est donné de fabriquer un sanctuaire qui sera la Maison de D_ieu. Ici, la Présence Divine - Ché’khina (שכינה) - serait accrue, et en résidant - cho’khèn (שוכן) - parmi nous dans un lieu privilégié, D_ieu serait comme notre voisin - cha’khèn (שכן).  Le peuple juif, ayant voulu en effet appréhender une dimension « saisissable » du divin avec le Veau d’Or, s’est vu ordonné par D_ieu, au lendemain de l’expiation de la faute, de Lui « faire une maison où Il résiderait parmi eux » (25 :8). Il est entendu que ce n’est pas l’Eternel qui a besoin d’un tel endroit, Lui qui est « l’endroit du monde » (מקומו של עולם). Mais c’est bien l’Homme qui a besoin d’une interface où « l’honneur et la magnificence » (28 :2), comme ceux des vêtements des prêtres qui serviront dans le Sanctuaire, permettent de provoquer une forme de proximité accrue – kirva (קרבה) - avec le Très-Haut, notamment par le biais du sacrifice - korban (קרבן). D’ailleurs D_ieu n’a pas de besoin qui lui soit propre, seule Sa volonté pour l’Homme est exprimée et pour les besoins de ce dernier. 

 

Et s’il ne fallait relever qu’un seul point sur l’ensemble de l’ordre de réalisation du Sanctuaire, ce serait celui de la précision. Rien n’est laissé au hasard, tout est absolument régenté. « On fera une arche en bois de chitîm, ayant deux coudées et demi de long, une coudée et demi de large, une coudée et demi de hauteur » (25 :10). « Tu feras un candélabre d’or pur. Ce candélabre, c’est-à-dire son pied et sa tige, sera fait tout d’une pièce ; ses calices, ses bouchons et ses fleurs feront corps avec lui » (25 :31). « Puis tu feras le tabernacle, à savoir dix tapis, qui seront faits de lin retors, de fils d’azur, de pourpre et d’écarlate, et artistement damassés de chérubins » (26 :1). Finalement ce privilège de pouvoir vivre un état extatique ne peut avoir lieu que lorsque « Tu érigeras ainsi le tabernacle, suivant la disposition qui t’a été enseignée sur cette montagne » (26 :28).   

S’il a fallu relever l’obligation de précision, c’est parce que, n’en déplaise à l’Homme qui peut voir dans le judaïsme une forme d’archaïsme obsolète, ou la posture figée d’une société patriarchale qui ne veut pas se réformer, n’en déplaise à Nietzsche qui, s’étant affranchi de D_ieu voit le diable dans les détails, la Torah est réellement Divine et le divin a un coût. Au-delà de nos incompréhensions éphémères comme l’éphémère de l’Homme, en dépit même des colères qui parfois s’éveillent en lui, le Verbe de la Torah demeure précis et ne peut fléchir devant les caprices, ni même les questionnements que l’Homme se pose. C’est que cette Loi nous vient du Très-Haut lui-même, Lui qui a conçu le monde et l’être humain en son sein. Le socle sur lequel tout se construit, c’est bien donc l’acceptation de la Torah dans sa dynamique verticale. Les questions sont évidemment la base même de l’étude mais elles ne sont légitimes que dès lors le texte est accepté. Une fois admise la Michna, le Talmud peut – et doit – demander : « D’où sortent ces paroles ? » La question n’est pas contestation et encore moins réforme ; elle est réflexion et sondage de ce qui est.

Toutefois, une fois ce préalable établi, il convient de rappeler la façon de dire. Car c’est avec humanité, avec douceur, avec finesse que l’Homme doit dire cette Torah. Il incombe, à ceux qui la transmettent, de le faire en tenant compte des oreilles et des cœurs de celles et ceux à qui ils le font, comme le souligne Rachi (Cf. Exode 19 :3). La manière de dire confère, au niveau de l’Homme, la dimension horizontale de la Torah. Le message est vertical, la transmission est horizontale. C’est ce qui explique l’éternité de la Torah qui est une bouche qui a besoin d’oreilles. On ne peut transiger sur aucun des deux aspects.  Car alors on perdrait, au choix, la justesse du message ou l’éloignement de ceux à qui il est destiné. Or l’éternité de la Torah a besoin de l’éternité d’Israel. De même que l’éternité d’Israel a besoin de l’éternité de la Torah. 

Chabbat Chalom

Binyamin Afriat

bottom of page