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SAMEDI 12 MARS 2022

SAMEDI 12 MARS 2022 - Vayikra – ויקרא - Une approche du sujet des sacrifices

Vayikra – ויקרא

Une approche du sujet des sacrifices

Le Lévitique, troisième livre de la Torah, débute avec la section Vayikra (1 :1 – 5 :26) qui, entièrement, est consacrée aux sacrifices. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Livre porte ce nom puisque le service est à effectuer par les prêtres issus de la tribu de Lévi. 

Il convient ici de proposer une approche sur la raison même du devoir de faire des offrandes à D_ieu, Lui à qui appartiennent « le monde et son contenu » (Psaumes 50 :12). Maïmonide et Na’hmanide ont deux lectures, à priori, diamétralement opposées. Selon l’auteur du Guide des Egarés (3 :46) il faut voir dans le choix de l’objet, les bêtes précisées pour servir d’offrande, la raison de le faire. En effet, les peuples idolâtres vénéraient le mouton (Egyptiens), le diable à la silhouette de bouc (Chaldéens) et « jusqu’à aujourd’hui, les Hindous vénèrent la vache. » D_ieu a donc demandé d’immoler ces trois sortes d’animaux, bovins et ovins, afin d’entrainer deux résultats : 1. Que les peuples étrangers voient là la vanité de leur culte puisque, au lieu de faire devant eux des offrandes, ils sont sacrifiés. 2. Qu’Israel qui s’est trouvé au milieu de ces peuples, qui en a adopté les usages selon le principe qui veut que « la nature humaine soit d’agir selon l’habitude » puisse au contraire sacrifier ces animaux à l’Eternel. Il a fallu détourner l’objectif de l’acte – et non l’acte lui-même, puisque ancré par l’habitude – et l’orienter vers Celui qui mérite que des offrandes lui soient menés : taureaux, moutons et chèvres sont donc offerts à D_ieu. « À » dans le sens de « devant », puisque finalement ce n’est pas D_ieu le « bénéficiaire » du sacrifice mais les humains, à travers les apprentissages qui en découlent. 

Na’hmanide (sur Lévitique 1 :9) réagit au point de qualifier ce point de vue de « paroles futiles. » Et il le fait sur la base de plusieurs questions : 1. Ce pilier du monde qu’est le Service dans le temple n’aurait-il d’autre raison que de bannir l’importance qu’il revêt aux yeux de pêcheurs et de sots qui vénèrent un animal qu’ils ont vu naître ? 2. Ne serait-ce pas l’effet inverse qui serait obtenu si ces croyants se rendaient compte que les juifs offrent justement ces animaux à leur D_ieu, ce qui équivaudrait à une consécration ? 3. Au sortir de l’Arche avec l’humanité détruite, il n’y avait ni Egyptien, ni Chaldéen. Pourquoi Noé – et il y en a d’autres - a-t-il trouvé utile malgré cela de sacrifier des animaux ? 

Na’hmanide voit donc dans le sacrifice deux aspects, l’un pour l’Homme, l’autre le dépassant. 1. La faute, ayant été commise aux trois dimensions, de la pensée, de la parole et de l’acte, il faut que la réparation soit opérée sur ces trois niveaux. Ainsi on impose ses mains sur la bête (smi’kha) en réponse à l’acte ; on se confesse (vidouy) pour se reprendre sur la parole ; on jette au feu les entrailles et les reins qui sont « les organes de la pensée et du désir. » En faisant tout cela, l’Homme ne peut que méditer que ce qui est fait là, sous ses yeux, méritait de lui être fait et que c’est bienveillance Divine que de permettre une telle réparation. En cela la lecture de Na’hmanide diffère de celle de Maïmonide en ce sens où, l’activité des sacrifices est ici pensée pour Israel et non comme récupérée par eux. 2. Mais vu l’ampleur de cette activité et la gravité avec laquelle a été fabriqué le complexe où elle a lieu – le Tabernacle -, force est d’admettre que son sens profond nous échappe. Et c’est ainsi qu’il le dit, que c’est un « secret dissimulé » qui fait que le sacrifice est « un feu au parfum agréable pour D_ieu » (1 :9). 

 

Ce n’est pas dans le cadre d’un parcours superficiel comme celui-ci que nous serons à même de saisir les tenants et les aboutissants d’un sujet aussi vaste et les opinions émanant de si grands maitres. Et cela, avant même de constater la distance qui les sépare. Alors d’emblée, nous ne pouvons qu’accepter les deux points de vue pour ce qu’ils sont. Ce n’est qu’avec l’approfondissement lié à l’étude que l’on sera à même d’y voir plus clair. Enfin, quel que sujet qui soit, même celui des sacrifices qui semble ne pas avoir d’applications légales dans notre quotidien recèle, c’est certain, un intérêt réel pour qui veut y déceler la sagesse qu’il contient.  

Chabbat Chalom

Binyamin Afriat

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