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SAMEDI 14 MAI 2022

SAMEDI 14 MAI 2022 - Emor - אמור - Au service des autres

Emor - אמור

Au service des autres

La section Emor (Lévitique 21 :1 – 24 :23) est qualifiée de Paracha des Cohanim (prêtres) parce que nombre des sujets qui y sont évoqués concerne cette élite du peuple. Nous reviendrons sur ce terme, élite, qui semble heurter. Les Cohanim, à qui le Service dans le Temple échoit, ont le devoir d’éviter le contact avec un mort, ce qui, le cas échéant, les écarterait de leur mission durant au moins sept jours puisque, ce laps de temps, est celui, incompressible, nécessaire pour se purifier. Ce n’est que pour les plus proches qu’il leur est permis de prendre le deuil, et cela, hormis le Grand-Prêtre.

L’idée prônée ici est celle de la constance du devoir, celui du respect du Service sacerdotal que l’on peut qualifier de « service public » qui prend le dessus sur le besoin individuel, lié à la « sphère privée. » Et c’est parce que le Cohen a été investi de cette mission permanente qu’il en est devenu l’élite du peuple. Il n’y a pas là d’élitisme en tant que tel, sorte d’immanence, qui le ferait condescendant. Mais c’est le devoir de produire pour l’autre une action parfaite et de manière permanente qui leur confère le titre de noblesse de Cohen. D’ailleurs le peuple tout entier est qualifié de « royaume de prêtres » (Exode 19 :6), non pour l’élire parmi les peuples, mais « pour comprendre et enseigner à tout le genre humain de tous invoquer le Nom de D_ieu pour le servir à l’unisson » (Sforno sur le verset). En cela, le « titre » est entre les mains de tout celui qui s’engage activement au service de l’autre, dans la mesure où cet engagement participe de l’avancée tangible de la société et sur le plan moral.

 

C’est dans cet esprit que doit aussi se comprendre ce qui est encore dit dans la Paracha à propos des prêtres lorsque sont écartés du Service ceux qui ont certaines tares physiques (21 :16-24). Il n’y a pas de « race aryenne », ni de canons de la beauté « blonds aux yeux bleus. » Ce serait faire un procès gratuit à la Torah qui au contraire rappelle, dans le livre des Proverbes que « mensonge est la grâce et vanité, la beauté » (31 :30). Toutefois parce que du point de vue de l’humain « qui voit avec les yeux » à la différence de D_ieu « qui voit avec le cœur » (Samuel I 16 :7) il a fallu tenir compte de ce qui aux yeux des humains est qualifié de convenable et d’appréciable. C’est que la Torah s’adresse à l’homme dans sa réalité tangible et lui propose de l’y insérer de manière concrète. Il a donc fallu tenir compte de ce point de vue même si dans l’absolu il est « mensonge et vanité. » (On peut encore rajouter que cette mise au point sur l’esthétique ne figure que dans la toute fin des Proverbes, comme pour indiquer que ce constat, on ne peut le faire que lorsque l’on aura été traversé par l’ouvrage.) 

D’ailleurs si le titre de Cohen lui ouvre le droit à certaines choses comme les « vingt-quatre cadeaux » dont le plus connu est la Térouma (prélevée sur les récoltes)  « car c’est un salaire pour vous, en retour de votre service dans la Tente d’assignation » (Nombres 18 :31), quantité de « risques » et de limitations sont inhérents à la fonction : ne pas servir en état d’impureté sous peine de retranchement (22 :1-7) ; l’immoralité est plus gravement punissable (21 :9) ; le mariage avec une femme divorcée lui est proscrit (21 :7).

De plus, il n’y a pas de passage dans la Torah où la notion de profanation est autant mentionnée. Et même si toutes ne concernent pas les prêtres, on sent bien que c’est par capillarité que le devoir de veiller sur la chose sacrée s’est étendu à tous. Il y aurait eu là comme une sorte de sacralisation évolutive. Le lieu où est posé le Tabernacle devient sacré et voit cet aspect disparaitre avec le départ du sanctuaire. Le lévite, alors profane, est fait Cohen et doit endosser ses fonctions (Cf. Lévitique chap. 8). L’animal consacré sacrifice impose désormais des restrictions d’ordre alimentaire et de respect à un niveau qui dépasse évidemment la matière dont il est fait. Et c’est ainsi que l’on relève dans cette Paracha six catégories de profanation, liées les unes aux autres :

  • Ne pas profaner le Nom de D_ieu (21 :6 ; 22 :2 et 22 :32).

  • Ne pas profaner le nom du Cohen, en cas d’adultère de la fille (21 :9). Ailleurs cette faute est proscrite bien-sûr mais il n’y est pas mentionné de profanation de « blason. »

  • Ne pas profaner la descendance du Cohen en cas de mariage illicite (21 :15).

  • Ne pas profaner le sanctuaire (21 :12 et 21 :23).

  • Ne pas profaner la « garde D_ieu » : un Cohen n’a pas le droit de manger de viande de sacrifice alors qu’il est impur (22 :9).

  • Ne pas profaner les choses consacrées par les enfants d’Israel (22 :15). 

Etant donné qu’ailleurs, on ne trouve jamais d’éloquence aussi grande autour d’un seul thème, c’est donc bien pour démontrer que la place qui a été donnée aux Cohanim a un « prix. » « Car cette tribu – Lévi – doit se consacrer entière au Service de D_ieu et à la connaissance de la Torah » (Guide des Egarés III, 39). Et s’en écarter est pour eux une profanation. Enfin, lorsque la chose est admise chez cette élite désormais responsabilisée, il devient possible pour qu’à tous, la Torah demande : « Et vous ne profanerez pas Mon Saint Nom et je serai sanctifié parmi les enfants d’Israel – Je suis Hachem qui vous sanctifie » (22 :32). Car dès lors la responsabilité est assumée par ceux que D_ieu a placé en avant, il devient possible et donc nécessaire pour tous de s’investir et d’assumer les engagements. 

Chabbat chalom

Binyamin Afriat

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