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SAMEDI 16 AVRIL 2022

SAMEDI 16 AVRIL 2022  - Pessa’h - Le jeu des sept erreurs

Pessa’h

Le jeu des sept erreurs

Pessa’h. Un mot qui résonne dans l’esprit et qui évoque, avec nostalgie, les us et coutumes que chacun, depuis son enfance, a vécus. Chacun son Pessa’h puisque l’esprit, l’émotion et l’imaginaire de chaque individu lui sont spécifiques. C’est ce qui d’ailleurs rend singulière toute expérience, aussi globale soit-elle, en ce sens où elle est vécue en résonnance et en « raisonnance » avec les composantes spécifiques de chaque participant. 

Pessa’h c’est aussi « pé sa’h », « la bouche qui parle », celle des enfants qui posent des questions et celles des adultes qui ont le devoir de leur raconter. Même si évidemment, eux-aussi ont des questions qui restent sans réponse…

Pessa’h, c’est la fête qui se fête presque avant qu’elle n’arrive, puisque sans le moindre doute, on ne peut réussir à bien la vivre sans s’y être préalablement préparé.

A ce propos d’ailleurs, la Michna écrit : « A la lumière du quatorze – c’est-à-dire : la veille du quatorze Nissan – on vérifie le ‘Hamets (aliment composé de céréales fermentées) à la lueur d’une lampe. Tout endroit où l’on ne fait pas entrer de ‘Hamets n’a pas besoin d’être inspecté » (Pessa’him 1 :1). La Michna nous enjoint ici à procéder à la vérification des lieux de nos demeures qui ont été « fréquentés » par le ‘Hamets.

Ce qui étonne toutefois, c’est la formulation. Alors qu’il eut fallu écrire « on vérifie nos demeures du ‘Hamets » ainsi que se saisit le sens à travers les mots qui suivent, il est écrit « on vérifie le ‘Hamets. » Comme si le ‘Hamets lui-même devait être vérifié. Comment comprendre cela ?  

Ce qui suit est une lecture personnelle et ne repose pas sur la compréhension établie d’un maitre de référence. Toutefois, il me semble qu’elle correspond au moins au réalisme de nos vécus et mérite de susciter la réflexion quand bien même la question serait déconstruite. 

Il est admis que le « mauvais penchant » (yétser hara) est qualifié de « levain dans la pâte » (Talmud Bera’khot 17a). D’où la raison de « totalement le chasser » (Exode 11 :1) de tous les coins et recoins. Cependant, suivant cette symbolique, comment comprendre qu’avant Pessa’h on ait le droit de « consommer » du mauvais penchant » et qu’après on ait le droit d’y revenir ? Puisque mauvais il est, nous devrions, tout au moins au niveau de la symbolique, nous abstenir de toute consommation de pâte levée ? 

C’est, il me semble, ce à quoi répond la Michna. Qui, en même temps qu’elle exige que nous débarrassions nos demeures du ‘Hamets, nous interpelle sur la nature même de ce ‘Hamets, en nous disant : « Vérifie le ‘Hamets. » Inspecte la nature de ton mauvais penchant et relèves-y ce qui, peut-être, ne correspondrait pas juste à une forme « admise » d’égarement, admise parce que l’Homme est fait de matière, mais contiendrait également des scories, des amalgames, des « je m’en foutisme » et autres négligences, elles totalement superflues et injustifiées, pour lesquelles nul penchant ne vient nous séduire. Si l’on peut « supporter » la difficulté de ne pas manger strictement casher quand on est en transit dans un lieu imprévu, pourquoi se passer de le faire dans un endroit où manger casher reste accessible ? Ceci n’est qu’un exemple mais l’idée est là : vérifions notre ‘Hamets. Ce mauvais penchant qui nous attaque est-il à ce point costaud ? Sommes-nous réellement au niveau de nos échecs ? 

Je crois que c’est aussi à cela que nos Sages ont pensé lorsqu’ils nous ont demandé de procéder à la vérification du ‘Hamets. Et ils ont complété cette recommandation en interdisant le « ‘Hamets sur lequel Pessa’h est passé » (Shoul’han Arou’h O.H. 466), manière de dire : tu ne peux pas, après Pessa’h reprendre ce même penchant que tu avais avant. Que la réalité rattrape l’individu et le propulse à nouveau dans une dimension tourbillonnante, soit. Mais que la réalité d’après soit exactement celle d’avant, ce n’est pas admissible.  

Cette vérification se fait « à la lumière » du 14 Nissan et « à la lueur » d’une lampe. Parce que cette inspection éclairante ne peut être que lumineuse. 

Chabbat Chalom

‘Hag Pessa’h casher vésaméa’h

Binyamin Afriat

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