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PARACHA DE LA SEMAINE

SAMEDI 21 JANVIER 2023 - Vaéra - Grandeur et humilité

Chers amis,

 

Je me permets cette semaine une note plus personnelle, sans pour autant rentrer dans les détails. Plusieurs niveaux de lecture sont possibles ici et probablement aussi des lectures auxquelles je n’ai pas pensé ! Ma mission de rabbin m’amène bien souvent à être le destinataire de doléances et autres demandes de conseils. Souvent, il me faut simplement prêter une oreille attentive et compréhensive et jamais ne porter de jugement. Nous avons tous besoin d’un exutoire et l’Autre, celui que nous pouvons avoir, peut permettre cela.

 

Et c’est bien !

N’est-ce pas Salomon, le plus sage parmi les Hommes qui disait : « Une inquiétude, dans le cœur d’un homme, il en parlera » ? Votre serviteur sert souvent de cet Autre-là, lequel permet ainsi – j’y mets le cœur - à ce que certaines peines soient apaisées, à ce que certaines colères aillent s’estompant, à ce que certaines questions trouvent des solutions.

Toutefois ce n’est pas toujours le cas. Le cœur, l’investissement, la volonté de bien-être pour chacun peuvent ne pas suffire à répondre aux attentes. D’autant plus lorsque nous sommes confrontés à des positions contradictoires et qu’il faille, autant que faire se peut, apporter satisfaction aux deux partis et avec diplomatie. Il m’est arrivé d’avoir été personnellement affecté de n’avoir pu trouver une issue favorable ou alors de n’avoir réussi à instaurer que la solution proposée soit acceptée. Toutefois avec le recul, je tiens à dire ceci : cela fut, et est encore lorsque cela se produit, de l’orgueil. Oui de l’orgueil ! Car l’être doit accepter sa condition d’être-humain faillible et reconnaitre simplement qu’il ne peut pas toujours réussir.

Et ce n’est pas grave !

 

C’est avec énormément de recul qu’est cité dans ce contexte notre Maitre à tous, Moïse ou « Moché Rabénou », ainsi que nous le lisons dans la Paracha de cette semaine, Vaéra. Lui aussi a voulu voir sa démarche auprès de Pharaon réussir immédiatement. Or, de prime abord, c’est le contraire qui s’est produit : non seulement les Hébreux n’ont pas été libérés comme il le demandait au Nom de D_ieu, mais les tâches qui leur incombaient ont été durcies. Nous lisions en effet à la fin de la section précédente que, après son intervention auprès de Pharaon, le quota de brique à produire journellement est demeuré le même tandis que les matières premières nécessaires à leur fabrication n’étaient plus fournies. Cette réaction inversée à interpellé Moïse qui s’est tourné vers D_ieu pour Lui « demander des comptes. » Et Hachem de lui rappeler, au début de notre section, la confiance qu’ont eue les Patriarches en comparaison à lui avec sa « réclamation. » Pour lui signifier que, en marchant avec Hachem, ce n’est pas le « temps court » qu’il faut observer, celui de l’immédiateté du résultat, mais bien le « temps long. » L’issue de la démarche n’est peut-être pas l’échec immédiat que nous croyons vivre mais le devenir lointain et – espérons-le – heureux de cette même entreprise.

Alors très humblement, il convient de conclure – et vous aurez compris que ce message, c’est aussi à moi que je l’adresse - : soyons conscients de nos démarches et de nos paroles. Entreprenons-les dans l’optique évidente de réussir et d’atteindre le résultat escompté. Donnons-nous tous les moyens pour que ce résultat vienne couronner nos actions. Mais acceptons aussi que les paroles, les faits et les choses ne suivent pas toujours le chemin voulu pour eux. Cette force s’appelle la Emouna que l’on traduit par « foi » bien que ce concept soit beaucoup du domaine de la foi que de la matière à travailler. 

Cette leçon, c’est la Torah qui, cette semaine, nous l’enseigne. C’est aussi celle que le ministère que je tiens en tant que rabbin me mène à accepter. C’est aussi celle que je me permets de déclamer avec forces devant vous, mes chers amis. C’est qu’il nous faut admettre que la Communauté est un ensemble certes, mais cet ensemble est composé d’individus nécessairement – et heureusement ! – différents de nous avec lesquels, il incombe à chacun de composer. 

Nos différences ne doivent pas être notre faiblesse. Elles sont notre richesse.

Cette force-là, celle de la Emouna, c’est celle qui mène à la Délivrance.

 

Chabbat Chalom

Binyamin Afriat

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