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SAMEDI 23 OCTOBRE 2021

SAMEDI 23 OCTOBRE 2021 - PARACHARA VAYERA

PARACHARA VAYERA

Vayéra, où les vérités d’Abraham

Cette semaine comme la semaine dernière, le propos de notre Paracha, Vayéra (Genèse 18 :1 – 22 :24), est focalisé sur son personnage principal, Abraham. Cependant si la semaine passée, nous assistions à un Abraham qui se déracine de ses origines et, dynamique comme le « lè’kh lé’kha » « Va pour toi », recherche la foi en D_ieu-Un et la découvre – lorsque l’Eternel lui apparait et surtout lors de « l’Alliance d’entre les morceaux » - cette semaine, nous lisons la doctrine morale d’Abraham - la bonté comme édifice - et l’aspect statique, à savoir établi (et non pas figé) de sa bienveillance légendaire. C’est cela que peut indiquer cette apparition de D_ieu – « Vayéra élav Hachem » tandis qu’Abraham lui, « est assis » à la porte de sa tente. Assis comme sur ses acquis. On peut ainsi dégager l’idée que l’établissement de la Emouna – mot communément traduit par : foi et que l’on peut admettre comme tel, non pas dans sa présence chez l’homme - ce qui autoriserait le dicton, simpliste jusque dans sa forme : « La foi, on l’a ou on l’a pas » - mais dans sa construction puisqu’au contraire elle se bâtit tous les jours – la Emouna donc est en perpétuel mouvement. Elle est et sera constamment acculée, poussée jusque dans ses retranchements, ce, afin qu’en soit déterminé le contenu. Ou alors repensée pour une réponse actualisée à la réalité présente. Le « ‘Hessed », la bonté, dont il est dit d’Abraham qu’il en est le pilier (Amoud ha’Hessed), si dans son articulation pratique sera évidemment dynamique, dans son établissement originel, constitue un socle – une base statique - sur lequel l’homme se repose, s’appuie avec force. On fait le choix de faire le bien, c’est un choix originel. Puis l’on est engagé par ce choix à poursuivre l’œuvre d’Abraham. Mieux : un des trois signes présents dans la nation d’Israel, c’est : « Gomlei ‘Hassadim » « qui accomplissent des bienfaits » (Talmud Yébamot 79a). Démarche qui se veut inscrite comme caractère spécifique d’Israel, dans son ADN dira-t-on. Et cela, c’est d’Abraham que nous le tenons. 

C’est ainsi que l’on peut comprendre, en début de Paracha qu’Abraham, alors souffrant de la circoncision qu’il vient d’accomplir, souffre plus de l’absence d’invité dans sa tente que du mal de sa chair. La douleur « égoïste » s’efface devant la souffrance altruiste. C’est ce qui va amener D_ieu à abréger cette souffrance en lui diligentant trois invités - qui en fait sont des anges, dont l’un n’est autre que Raphael venu pour guérir Abraham de sa douleur, mais cela n’est que secondaire ! – pour qu’enfin Abraham puisse s’activer à répandre son trop-plein de bonté contenu en lui (18 : 1 – 14). 

C’est également dans cette lancée que l’on comprend l’intervention presque insolente d’Abraham vis-à-vis de D_ieu, à qui il dira : « Le juge de toute la terre, ne ferait-Il pas la justice ? » (18 :25) et le marchandage qui s’ensuit afin de négocier le nombre minimum de justes requis pour que la ville de Sodome et ses consœurs mauvaises soient épargnées de la destruction (18 :17 – 33). 

Même Loth, neveu d’Abraham, qui pourtant aura choisi – choix contestable - de s’installer dans cette ville, ne peut « s’empêcher » d’accueillir, tel son oncle grand, ces deux invités – en fait Gabriel et Raphael, les anges de tout à l’heure, le troisième, Michael, ayant achevé sa mission – au risque de voir sa maison détruite par les citoyens Sodomites aveugles de bonté et de bon sens. Ce n’est finalement que grâce à l’intervention miraculeuse des anges que la foule, frappée de cécité pour de bon, ne put trouver l’entrée de la demeure de Loth. C’est qu’il n’est pas donné à ceux qui ont érigé le mal égoïste en doctrine de pouvoir voir que l’on puisse accueillir un autre que soi chez soi. Cette philosophie, aux antipodes de la bonté d’Abraham, bonté révélée par lui et répandue en même temps que la parole de D_ieu puisque voulue par Lui, va rendre la destruction de Sodome et de son conté, inévitable (18 :1 – 25).

C’est enfin cela la quintessence de la dixième et ultime épreuve d’Abraham, la « Akédat Yits’hak », la « Ligature d’Isaac. » Car au-delà de devoir sacrifier la chair de sa chair, Abraham aurait dû renoncer ainsi, à l’édifice de toute sa vie en immolant le concept de ‘Hessed lui-même puisque de ce fait, il aurait fait outrage à toute l’humanité à qui il avait enseigné jusqu’alors que ce qui est bien, c’est de faire le bien. Qu’un père tue son fils ne peut être que le summum de la cruauté. Sauf que. Sauf que cela, Abraham a été d’accord de le faire au Nom de D_ieu et parce qu’il le lui avait demandé expressément. On peut dès lors présenter l’épreuve en ces termes : Existe-t-il un concept presque divinisé puisque voulu par Lui qui soit au-dessus de D_ieu ?  Est-ce qu’une idée peut atteindre le Panthéon des idées et acquérir ainsi l’immortalité ? Et de manière beaucoup plus trash : D_ieu peut-il demander de tuer Sa volonté au Nom de Sa volonté ? La force formidable d’Abraham a été de comprendre et donc d’enseigner que, aussi établi que soit un concept, il n’aura force de loi que tant que le Grand Législateur ne l’aura pas délogé. 

Nous y voilà : la dynamique de la foi qui se cherche versus l’immuabilité de l’idée qui s’est trouvée…

En guise de conclusion : pas de conclusion puisqu’elle est impossible.

Juste : A suivre…

Et pas nécessairement dans un prochain épisode, mais plus surement dans la Torah et en en soi.

Chabbat Chalom

Binyamin Afriat

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