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SAMEDI 26 MARS 2022

SAMEDI 26 MARS 2022  - Chémini – שמיני - Pour une approche de la Cacheroute

Chémini – שמיני

Pour une approche de la Cacheroute

La Paracha Chémini (Lévitique 9 :1 – 11 :47) traite de deux sujets, lesquels se subdivisent en différentes séquences. Dans sa première partie, nous y lisons l’inauguration du Tabernacle, durant laquelle sont morts Nadav et Avihou, fils d’Aaron. La fin de la Paracha traite elle, d’un sujet vaste et très présent dans notre quotidien : la Cacheroute. A savoir : qu’a-t-on le droit de manger et qu’est ce qui est interdit à la consommation ? D’autres lois alimentaires se trouvent ailleurs mais, au vu de la place que ce passage occupe ici, il est convenu d’élargir ici le propos sur le sujet. Comme d’habitude, l’approche se fera au niveau de la réflexion, non nécessairement dans celui des faits pour lesquels on doit impérativement apprendre les lois. Trop souvent en effet, il est constaté que les gens sont attachés au respect des traditions, ce qui en soit est important pour la transmission aux plus jeunes générations, mais n’est clairement pas suffisant pour connaitre précisément ce qu’il faut ou ne faut pas faire. Pour cela, la recette est la même : apprendre. Le porc n’est pas le seul animal interdit et consommer du poisson qui n’a pas d’écailles équivaut exactement à la même chose. 

L’Ecriture énumère les signes distinctifs permettant de « reconnaitre » les animaux permis des autres, sans que ces signes ne soient considérés comme des preuves. Parmi les mammifères, seuls ceux qui ruminent et ont les sabots fendus sont permis ; les poissons eux doivent avoir écailles et nageoires ; les signes des oiseaux sont moins évidents mais le Talmud livre les détails appropriés. Et puis ici, la Torah nomme quantité d’oiseaux qui sont qualifiés d’impurs. Enfin, les rampants et les insectes sont eux aussi interdits à part une certaine sorte de sauterelle. Certains de nos anciens, notamment les juifs Yéménites, ont affirmé en avoir consommé mais ce n’est plus un usage répandu. 

Une question est latente : pourquoi D_ieu a-t-il voulu se mêler du contenu de nos assiettes ? Y a-t-il une logique à rechercher dans le rapport que peut avoir tel aliment avec la personne que nous sommes ? Certains ont considéré ces lois comme des lois d’hygiène alimentaire et ont tenté d’établir leur nocivité sur nos organismes (Voir Guide des Egarés, partie 3, chapitre 48). Toutefois, à ce niveau-là, les données pouvant être contredites, et par la science surtout, ce n’est pas l’approche que nous proposerons. 

Comme préalable, quelques citations. Ib’n Ezra (Rabbin andalou du 12ème siècle) sur le verset : « Ne vous rendez point vous-mêmes abominables par toutes ces créatures rampantes » (11 :43) rappelle « qu’il est connu que le corps consommé devient chair dans le corps du consommateur. » Pour Maharcha (Talmudiste Galicien du 16ème siècle), il y a un lien entre l’aliment et la nature de l’Homme puisque « la nourriture matérielle engendrera une nature matérialiste » (Cf. Sanhédrin 92b).  

Reste à définir le « mal » contenu dans tel ou tel aliment. En réalité, selon le ‘Hinou’kh (Espagne, 13ème siècle) malgré les médecins qui pourraient protester contre tel ou tel interdit alimentaire, n’y trouvant pas le moindre danger pour la santé, « le Médecin de confiance qui nous a mis en garde est plus sage que toi et qu’eux. » Et « qu’il est sot de ne considérer utile ou nocif seulement ce que l’on aura saisi » (Commandement 63). Les lois alimentaires appartiennent donc plutôt à la partie dogmatique de la Torah puisque, selon les dires de ce sage qui ailleurs pourtant, propose une approche philosophique des commandements, nous invite à accepter la Volonté du ce grand Médecin qu’est notre Créateur. 

Toutefois, nous aimerions amener une touche d’esprit qui permettra peut-être d’accéder à un aspect plus parlant de la Cacheroute. De ce que le Sefat Emet (Maitre ‘hassidique de la dynastie de Gour, 19ème siècle) écrit sur le sujet, il ressort qu’il existe une tendance générale de la nature qui va en s’élevant. Les quatre éléments eux même – minéral, végétal, animal et humain - se commuent chacun en l’élément qui lui est supérieur. Ainsi les minéraux deviennent plantes lorsqu’ils sont absorbés par elles. Celles-ci deviennent animales lorsque les bêtes les consomment. Enfin, lorsque l’humain consomme de la viande, la chair de l’animal faisant corps désormais avec celle du consommateur – comme déjà vu chez Ib’n Ezra - il y aura eu élévation de l’animal vers l’humain. Et force est de constater que les animaux autorisés à la consommation par la Torah sont des herbivores : bovins et ovins se nourrissent d’herbe. Ces animaux-là suivent donc la tendance générale de la nature. Non les carnivores qui, de ce point de vue, se maintiennent au niveau qui est le leur, puisque la chair de l’antilope devient chair de lion. On ne peut voir ici qu’une approche du sujet, non son dénouement, puisque tous les herbivores ne sont pas autorisés. 

Toutefois, dans cette optique, il est un risque : qu’au lieu d’élever l’animal vers l’humain, ce soit l’humain qui devienne animal. La Torah a pallié à ce risque par cet interdit qui concerne les viandes autorisées : « Seulement, sois fort pour ne pas manger le sang, car le sang est la vie, et tu ne mangeras pas la vie avec la viande » (Deutéronome 12 :23). En interdisant le sang de l’animal permis, D_ieu a voulu nous éviter que nous devenions les acteurs de l’inverse de la tendance recherchée. Il faut en effet procéder à la salaison de la viande qui en extrait le sang pour qu’elle soit permise à la consommation. Encore une fois, c’est une approche, pas une vérité assénée. 

La démarche reste la même : c’est la dynamique de l’action qui engendrera la captation des idées et des émotions. Goutez donc. Car « Goutez et voyez que l’Eternel est bon » (Psaumes 34 :9).

Chabbat Chalom

Binyamin Afriat

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