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SAMEDI 30 OCTOBRE 2021

SAMEDI 30 OCTOBRE 2021 - Hayé Sarah

Hayé Sarah

La vie de Sarah, quand la vie franchit ses limites

Notre Paracha, ‘Hayé Sarah (Genèse 23 :11 – 25 :18), « La vie de Sarah » semble mal porter son nom. Car, alors avec un titre pareil, on s’attendrait à un récit sur sa vie, c’est de son décès dont il est immédiatement question. Cependant nous comprenons bien que ce n’est pas faute d’avoir manqué totalement d’inspiration que ce titre a été donné ! Il faut donc lire cette Paracha – et non juste le récit du début – dans l’expectative d’y déceler des éléments pouvant être accrochés au palmarès de Sarah.

 

En effet, les premiers mots déjà nous donnent une indication de cette teneur. Ainsi : « Et ce fut les vies de Sarah cent ans et vingt ans et sept ans, les années de vie de Sarah. » Les vies et non la vie. D’ailleurs le mot « vie » en hébreu, « ‘Haim », n’existe pas au singulier. Car ce n’est jamais une vie qui est vécue mais des vies. Et pas parce que l’on aura refait sa vie nécessairement ! Lorsque l’on éternue, certains (les ressortissants d’Afrique du Nord se reconnaitront) disent « Ta’ich ! » (Mot que je ne sais traduire mais qui, bizarrement, fait plaisir à entendre, comme quoi, tout est dit dans le ton !). D’autres disent « Zay’n Guézoun’t » (Sois en bonne santé ! Ça, vous êtes plus susceptibles de l’entendre de la bouche d’une personne dont la fin du patronyme est : …kélévitch. Quoique… avec le brassage ethnique et culturel actuel, rien ne se perd, tout se trans…met). En France on dit : « A tes souhaits ! » (Et on prend de sacrés risques parce que, dit à un inconnu dans le hall d’une gare, on ne connait pas les desseins du quidam, forcément on ne sait pas ce qu’il souhaite ! Cette remarque, c’est de mon épouse que je la tiens qui elle, je crois, me dit : « A tes souhaits ! ») D’autres enfin disent - et excusez le détour humoristique (si tant est qu’il me faille le faire) pour en arriver là – « Hayim Tovim » « BonneS vieS !» Ainsi, la Torah considère que la vie est une succession de vies. Et c’est une chance parce que cela signifie que tous les jours il est possible de débuter la vie. 

D’ailleurs dans la décomposition même de la vie de Sarah, en 100, 20 et 7 ans, nous retrouvons cette idée. Rachi explique qu’à 100 ans elle était comme à 20 ans, sans faute (Précision : le Ciel ne condamne l’être humain que pour ses erreurs commises à partir de l’âge de 20 ans. Jeunesse, ne voyez pas ici l’ouverture d’une vanne que je n’ai pas ouverte !) et qu’à 20 ans elle était aussi belle qu’à 7. L’avènement de la beauté serait-il atteint dès lors les six premières années de la vie vécues ? Cette déclaration mérite encore d’être expliquée et surtout – comme tout le reste – étudiée !

Mais revenons au sujet. Après cette introduction qui sera plus charpentée que le texte lui-même, il nous faut désormais comprendre que « Les vies de Sarah » dépassent les 127 ans de sa vie. Pour preuve : nous sommes aujourd’hui encore, 3696 ans après, à parler d’elle et de ses messages. Parce que, vous l’aurez compris, ce qui fait que dans sa mort elle vit encore, c’est parce que, ce qu’elle a transmis est une source de vitalité. Sa piété, sa pudeur, son hospitalité, ce sont les messages qu’elle continue encore de diffuser. La clairvoyance de son regard, plus grande que celle d’Abraham, c’est ce qui lui a donné la force, afin de préserver son fils Isaac et l’éducation qu’elle voulait pour lui, de l’écarter d’Yichmael qu’elle voyait emprunter un chemin différent (Genèse 21 :9 – 12).

Avec son décès et le besoin désormais impérieux de la mettre en terre, c’est en terre d’Israel que son corps repose. Et force est de constater que la première acquisition d’une parcelle de cette terre, ce fut pour y mettre le corps d’une disparue. A priori, pas folichon comme perspective ! Sauf que. Sauf que, Sarah n’a pas disparu. Sauf que, de là, la Hala’kha retient qu’il faut acheter la terre de sépulture. Même d’un indigent à qui on donnerait un caveau pour l’y enterrer, on demandera de participer financièrement (‘Hatam Sofer, Yoré Déa chapitre 331). Ce morceau du Caveau des Patriarches, c’est la pierre angulaire à partir de laquelle, plus tard et parce D_ieu l’avait promis, la terre de Canaan fut conquise par Josué pour devenir Erets Israel.  Voilà une des vies de Sarah. 

Une autre vie, c’est celle de l’éducation. Nous l’avons mentionné plus haut lorsque Sarah a voulu préserver Isaac d’Yichmael. Et l’idée se retrouve dans ce qui constitue le plus grand passage de la Paracha (chapitre 24 et ses 67 versets), avec la mission donnée à Eliezer par Abraham d’aller chercher une épouse pour Isaac. 

J’ouvre une parenthèse. Être une femme, c’est grand. D’ailleurs un jour, que je demandais à mon épouse pourquoi l’on ne dit pas surfemme comme on dit surhomme, elle répondit du tac-au-tac : « C’est que toutes les femmes sont des surfemmes ! » Vais-je me fâcher avec la gent masculine en ayant rapporté cela ? J’accepte. Mais ça n’arrivera pas, car dans le fond, tout le monde sait que c’est la vérité. Et puis, blague à part, le monde misogyne en a trop mal-dit, il est temps – et depuis toujours – de redonner à la femme la place qu’elle mérite. Je ne dis pas égale aux hommes mais la place qui l’honore. 

Revenons au sujet. Eliezer ne doit pas « juste » chercher une épouse. Ce qu’il faut, c’est une future matriarche. La Torah relate avec moult détails et même une répétition légendaire la façon dont Rebecca fut « trouvée » et ramenée à Isaac pour qu’elle devienne son épouse. Il a fallu remonter à la source, se rendre dans le berceau familial, à ‘Haran, où les gens, quoique idolâtres, étaient pénétrés de vertus plus raffinées (explication du RaN dans ses Drashot) pour découvrir la perle rare, Rebecca. 

Voilà comment Sarah continue de vivre.

Voilà comment elle nous conseille de vivre.

Et qui peut se fermer aux conseils d’une maman ?

Chabbat Chalom

Binyamin Afriat

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